Parce qu’un jour, j’ai eu un choc.
Un dîner en amoureux, chez Roellinger, il y a un peu plus de dix ans.
Pour nous, à cette époque, c’était une véritable folie. Un seul repas au prix de petites vacances. Étudiants, jamais nous n’avions approché ce genre d’établissement. Convaincus par la lecture de guides, pleins de désir et d’excitation, malgré nos appréhensions et nos idées reçues (peur de ne pas être à notre place, de ne pas savoir faire, de ne rien comprendre et de n’y voir qu’un roi nu), nous avons poussé la porte d’un « grand restaurant ».
Ce fut magnifique et inoubliable. Un accueil démocratique, une attention délicate de tous les instants, un goût du partage, une maison douce et lumineuse au service de cette cuisine incroyable. Il y avait de la précision et de l’intensité dans chaque assiette. Je découvrais de l’intelligence et de la sensibilité portées par des aliments. J’ai compris que manger, c’est aussi se faire traverser par les sentiments de celui qui cuisine. Ce fut une véritable révélation.
C’est comblés de plaisir et de gratitude que nous avons quitté cet endroit de rêve.
Espérant qu’une deuxième fois, ici ou ailleurs, pourra être aussi belle que cette première fois.
Ce fut le cas.
Depuis lors, j'écume les tables, petites et grandes, avec le même appétit.
Je n'hésite pas à courir loin, pour aller goûter la cuisine d'un cuisinier. J'aime la nourriture quand elle est belle et faite par des gens passionnés.
Je vais au restaurant comme je pars en voyage, à la recherche de plaisirs, d'émotions, de sensations, de moments doux, d'intelligence et d'altérité.
Bref, la cuisine est une passion. Elle est pour moi aussi forte qu’une œuvre d’art, elle ressemble à la vie où tout est à refaire chaque jour. Cuisiner c'est offrir en acte son propre rapport au monde.
J'aime partager ce qui me semble important et traduire en mots ce qu'une cuisine m'a offert. Tendre aux cuisiniers le miroir de ma subjectivité.
C’est l'ambition de ce blog.
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